Les Potes Au Feu en Irlande - 2002 - Par Totof

Il est 5h30 ce vendredi 8 mars 2002. Le réveil vient de sonner et l'excitation du départ me fait lever d'un bond. Petit déjeuner enquillé, lavé, rasé, habillé, check-list du sac et hop ! Direction l'aéroport de Lyon-St Exupéry en TWINGO avec Pierre V. et Zanzi (futur Zanzibar). Destination : Irlande, Dublin, Templebar pour notre tournée rugbystique et pub-istique.
Comme l'équipe de France, l'équipe de Potes au Feu se donne rendez-vous dans un bar de l'aéroport. Les physiques y sont moins carrés, ça et là quelques bonnes biasses et quelques cheveux blancs, mais l'envie, l'enthousiasme et l'esprit sont présents et c'est bien l'essentiel. Un autre groupe est parti en TGV pour Paris. C'est comme ça pour une grande équipe, on se sépare, si jamais il y a un crash, l'autre moitié pourra jouer.
On est comme des gosses en attendant d'embarquer. Personne n'a sorti de ballons, mais c'est pas l'envie qui manque. Enregistrement des bagages, embarquement, décollage. L'hôtesse nous présente la dernière collection printemps-été d'Air France : string de sauvetage, porte-jarretelles de survie, et sourire de circonstance. Un court trajet et nous voilà à Paris. Un peu perdus, on arrive malgré tout à la porte d'embarquement. Et là on sort le grand jeu : cantal du Yoyo, saucisson du pays, tommes qui puent et pinard à volonté... et un peu d'Hépar de Villeneuve-de-marc-de-poire pour faire passer le tout. Quelques Japonais nous prennent en photos, ça sent bon la France et le terroir.

Le vol vers Dublin est encore plus détendu. C'est fou ce que ça détend l'Hépar, et en plus c'est bon pour le transit.
Arrivée en début d'après-midi en terre d'Irlande. Il pleut pas, c'est déjà ça. Dédé nous ouvre le chemin avec sa valise à roulettes. C'est lui qui s'occupe de nous dénicher un bus pour le centre ville de Dublin : « Excuze-mi Sœur, oui ouante tout gau (pascal) tout ze centere oph Dubline, ouich bus oui meuste taique ? » Bus 5. Le chauffeur est bourré, il roule à gauche.

Descente à O'Conell Street, l'artère principale de Dublin, et arrivée à l'auberge de jeunesse en plein cœur de Templebar, le quartier des pubs, des boîtes, des cafés-concerts…
A peine les sacs posés, direction le 1er pub du coin de la rue. On va voir si la Guinness est si bonne que ça ! Le barman renverse la bière de Rico sur le comptoir qui est obligé de la lécher. On a déjà un problème de langue.
2ème Pub. C'est plus convivial. Première tournée, 2ème tournée. Y'a une grosse anglaise qui fête ses 40 ans. Ca braille, ça se prend en photo. Bique s'introduit sur la photo. C'est l'échauffement.

On rejoint enfin l'autre groupe qui arrive un peu après nous. Ah! Les retrouvailles sont chaudes et amicales. On retrouve nos doubles, nos triples, les gros retrouvent les gazelles et inversement.

3ème Pub. Un endroit pour la plupart d'entre nous qui restera mythique : le Gogarthy's. C'est bondé. Y'a des autochtones, des Ecossais, des Anglais. Thierry alias Silverfox, nous fait découvrir, et pas qu'à nous, ses talents bilingues : "Mon name est Silverfox. Aïe come frome ze côteaux of St Savine and aïe have euh big p..."
La Guinness coule à flots et c'est vrai qu'elle est meilleure ici. Ca et là des Potes au feu éparpillés. On se retrouve de temps à temps aux chiottes histoire de décompresser.
Après l'apéro, repas toujours au Gogarthy's, sans Guy, ni Michel B qui travaillent leur corps à corps. Au menu, une jambe de leg de mouton. Puis repub, reguinness, repu. On parle de mieux en mieux anglais. Ces gens sont fantastiques. On parle même à des Anglais. Faut dire qu'on les a torchés la semaine d'avant dans le tournoi. Alors Coco-Rico !
C'est 2h du mat'. Le temps de rentrer et dodo. La majorité du groupe dort dans une grande chambre. On est 16 entassés. Les jumeaux se font mimi pour la nuit, Scando se prend pour une loco... On a une descente de lit qui pue la bière et qui ronfle ? Jean-Christophe.
Réveil un peu vaseux, mais la Guinness est finalement bien passée dans l'ensemble. Qu'est ce qui fait ? : "Bok, bok, bok, aïe, vin dieu !" Réponse : Beau-Queue qui glisse dans la salle de bains.
Le petit déj' est un peu décevant. Y'à pas de bacon, pas d'oeufs, pas de à l'ail. Matinée libre. La descente de lit dort toujours. On décide de se balader, de visiter un peu, on n'est pas très nombreux. Certains finissent leur nuit, d'autres revisitent les pubs de la veille, il y a des choses qui leur ont échappé. Le temps est très clément : il neige ! La visite est écourtée, mais on a repéré un café sympa pour le breakfast de demain matin.
On est quand même venu pour jouer un peu au rugby. Psychologiquement et physiquement, on est plus près de retourner au pub plutôt que d'aller se taper 15 irlandais qui joueront comme si c'était le match de leur vie.
Après une petite bouffe sympa dans un pub, on prend un rouge bus à 2 étages. Direction les quartiers Nord et résidentiels de Dublin, pour rejoindre Clontarff. Belles installations, surtout le club house. On dirait un gymnase avec un immense pub, une salle de resto, Guinness à volonté, écran géant…le rêve quoi. Le club de Clontarff, c'est quand même le club où est passé Brian O'Driscoll et pas moins de 7 équipes seniors dont une de vétérans que l'on a la joie et l'honneur de rencontrer.
On se change dans les vestiaires et dans la bonne humeur. Pas besoin d'échauffement, on est vrai chaud ! On pénètre sur le terrain, acclamés par une foule en délire...

Heureusement qu'on est nombreux, parce que tous les 20 mètres on va déposer une gerbe au pied du sol.
Malgré tout on s'en tire pas trop mal. On est obligé de mettre les barbelés, le mirador, les chiens... Les Irlandais nous assiégent mais on tient jusqu'au bout. On reste invaincu à l'étranger.

Le match fini, la soirée peut commencer. Accueil dans le pub à coup de Guinness. On boit, on parle, on fait connaissance. Puis on passe dans la salle de restaurant avec plein de tables rondes où Français et Irlandais se mélangent allégrement. Avant le dîner, un Irish Stew local, le président du club qui est aussi le dernier fabricant indépendant de whisky d'Irlande nous fait un petit speech et nous invite à goûter toute la gamme de ses différents whiskies : Th M de R va s'en charger presque à lui tout seul. Un whisky, alouette je te plumerais, deux whiskies, et la tête et la tête, trois whiskies, alouette... hic, suce moi la b..., quatre whiskies et les cou…... et les cou…..., cinq whiskies et Th M de R s'effondre sur les sacs comme... un sac.
Le dîner est arrosé de whisky irlandais et de vin français (petit cadeau à nos hôtes). On fait la connaissance d'un certain « Parish » qui nous indique le nom d'une super boîte où on s'éclate bien, mais le seul problème c'est qu'il faut des chemises un peu classe pour y rentrer ; alors ni une ni deux le Parish il dit à sa wife, qui est train de prendre une leçon de géographie par Gilles : « I come from Grésivaudan, it's here, near Crolles and Goncelin, you see ? », oh ! wife : « go back to the house and pick up 4 shirts for my friends and quick espèce di connasse ! » La wife elle s'exécute quickly, pendant que Yoyo goûte la farine des loukoums, et nous voilà revêtu de 4 chemises façon Magnum dans Magnum.
Nous voilà prêts. Encore quelques chants irlandais, une marseillaise, et on dit au revoir à nos amis irlandais. «  Thierry, viens ici, ne pisse pas sur le terrain de cricket ! »
Petite balade en taxi pour nous ramener à Templebar. Je monte avec le Yoyo, le Marco et le Couture, qui se met devant, et comme notre chauffeur est énoooooooorme, à chaque changement de vitesse leurs épaules se frottent, c'est le grand amour !
Puis on dépose les sacs et on va coucher Th M de R, une cuvette à côté de lui, il est à peine 22h ! Démission !
Finalement les chemises de Magnum sont trop moches et on décide de retourner au Gogarthy's. Une nouvelle soirée de folie nous attend. C'est samedi soir et l'ambiance est encore plus démentielle que la veille : ça chante, ça boit, ça danse, ça pisse... c'est la fête. Des frenchies qui ont un peu bu, ça sait tout faire. Et même si on a beaucoup bu, on n'est pas des loques, Ness (aaahhh !). La soirée se poursuit sur un rythme effréné. On voudrait que ces moments ne s'arrêtent jamais, mais après avoir dérapé sur le surimi, on décidait d'aller se coucher, la nuit allait être courte.
Th M de R ronflait comme un sonneur ; la descente de lit qui puait la bière n'était encore pas rentrée ; il y avait une vague odeur de cantal, de chaussettes douteuses, de slips encore plus douteux, de rots à la bière et de relents de toilette, et en plus la pièce tournait, tournait... avec tout ça : good night, see you tomorow !
Réveil toujours très poétique lorsqu'une chambrée de rugbymen se lève, vont pisser, font leur toilette après une bonne cuite la veille... je vous laisse imaginer. Après un bon petit breakfast, un petit retour au Gogarthy's pour se remplir les yeux et le gosier une dernière fois. C'est dimanche et il est temps de plier bagage, de dire au revoir à l'Irlande et de rentrer retrouver notre Dauphiné. Le retour sera assez long et monotone, et aussi un peu nostalgique. L'Equipe ne dit pas un mot de notre victoire, demain il y a école, mais nos pensées et nos coeurs sont acquis en partie à cette terre d'Irlande qui sait si bien accueillir. Et finalement, avec le rugby, l'amitié et la bière on sera toujours les rois du monde.

Totof Mars 2005